l’art du jardin zen

Il s’agit d’extraits de textes du livre « l’art du jardin zen » de Véronica Ray

Lorsque la philosophie zen donne rendez-vous à l’art du jardinage. Ce sont nos fleurs et nos légumes, nos arbres et nos arbustes qui fleurissent. Mais ce sont aussi et surtout nos coeurs, nos esprits et nos âmes qui s’épanouissent ensemble dans un arc-en-ciel lumineux.

Page 37 – Le simple fait de s’immerger totalement dans une activité la transforme en une expérience zen. Le temps s’immobilise en apparence; rien d’autre ne compte plus à vos yeux que l’action en cours. Passé et futur n’ont pas leur place dans l’esprit, totalement absorbé par l’instant présent. Vous devenez l’action. vous êtes l’action et non plus celui qui agit. Le travail relativement dur qui préside à la création d’un jardin constitue une excellente occasion de vivre une expérience de cette sorte. Car voilà bien le moment de nous perdre dans le travail, de nous fondre en lui, de ne faire qu’un avec lui, de « devenir le travail ». Des tâches répétitives et purement physiques permettent naturellement à notre égo d’abandonner le terrain en imposant silence aux bavardages incessants de l’esprit. Le flux de l’énergie nous emporte. Nous fusionnons avec l’énergie. Bêcher, désherber, planter nous rapprochent plus que jamais de notre nature originelle.

Page 89 – Notre jardin est notre reflet. Il est la manifestation des différentes facettes de notre personnalité, de nos goûts, de nos préférences, de notre passé, de nos expériences, de nos contraintes aussi, contraintes de temps, contraintes d’argent. Il raconte notre histoire et révèle notre image; celle que nous avons de nous-mêmes, et celle que nous souhaitons projeter sur le monde. La terre et les plantes que nous cultivons témoignent de nos forces et de nos faiblesses. Car notre jardin est indiscret; il raconte aux autres ce que nous sommes sans oublier de nous le faire savoir.

Page 99 – « La première qualité d’un jardin n’est pas de donner à son propriétaire des fruits et des légumes… Mais bien de lui enseigner la patience, la philosophie et les vertus supérieures, à savoir la capacité à voir son espérance déchue et ses projets différés » de Charles Dudley Warner.

Page 106 – « Quelle que soit la tâche que vous effectuez, faites-là lentement, tranquillement, avec l’attention qu’elle mérite. Ne la bâclez pas pour en finir. Soyez relaxé en toute chose et portez-y toute votre attention » : de Maître Thich Nhat Hanh.

Page 110 – Etre attentif, c’est ouvrir son esprit et passer du mode bavardage au monde silencieux de l’écoute. C’est dans ce sens que la cérémonie du Thé est une pratique classique de l’attention. Car il s’agit d’un rituel méticuleux mettant en scène un acte très simple et très habituel : préparer et boire le thé. Le point essentiel est de maintenir l’esprit totalement concentré, pleine conscience de chaque instant. Combien d’actes accomplissons-nous de cette façon dans nos vies quotidiennes? Très peu sans doute car nous ne cessons de courir, de nous agiter, de faire des choses, et d’en finir avec elles aussi vite que nous les avons entreprises. Quand donc sommes-nous pleinement concentrés, simplement sur ce qui est, ici et maintenant? L’art du jardinage nous offre bien des occasions de pratiquer l’attention. Par exemple, désherber prend sa pleine dimension : on est alors pleinement conscient du mouvement des mains, on ressent ce qu’est le sens du toucher lorsque nos doigts rencontrent l’herbe et le sol, on entend les minuscules racines se déchirer sous le sol quand nous les tirons, on voit chacune de leurs feuilles et on respire leur parfum. Arroser, planter, bêcher, ratisser ou récolter les fruits et les légumes : autant d’actes, autant de pratiques possibles de l’attention en pleine conscience. Et si notre esprit vagabonde comme il sait si bien le faire. Il suffit de le ramener à son point de départ et de se concentrer sur la respiration pendant un moment.

Page 119 – « Voir le monde dans un grain de sable et les cieux dans une fleur sauvage. Tenir l’infini dans la paume de la main et l’éternité dans une heure du temps qui passe’ de William Blake

Page 124 – « Lorsqu’on ressent de la colère, du dégoût ou un manque de confiance en soi, jardiner est sans doute le meilleur des remèdes. C’est ce que je conseillais encore récemment à un ami surmené, sous-estimé par son milieu professionnel et stressé. Je ne pense pas qu’il a suivi mon conseil et lorsque j’ai entendu dire qu’il avait été relevé de sa fonction pour s’être trop plaint de celle-ci, je suis allée déverser ma colère dans le jardin. Car c’est en bêchant la fange et en enlevant les mauvaises herbes que j’ai essayé de nettoyer une situation : je suis passée alors par toutes les phases possibles de l’émotion ».

Page 128 – « Qui plante un jardin, plante le bonheur » proverbe chinois.