Il s’agit d’un extrait du poème le Promeneur et le jardinier de Fernand Patry
« Des ordures… Des déchets mélangés à de la terre, à du fumier, à des feuilles et à des branches mortes, ça commence bien la visite du jardin ! Fis-je sur un ton provocateur.
Imperturbable, mon guide jardinier se dirigea vers le tas de déchets, se pencha doucement, plongea ses longues et fines mains d’argile dans les feuilles mortes, les brindilles
et le fumier et les ressortit en tenant une large poignée de ce mélange terreux qu’il m’apporta avec précaution comme s’il s’agissait de quelque chose de précieux.
Humez ce mélange, sentez cet humus. Il se fit entre nous un silence respectueux. Ses yeux contemplaient l’invisible par de là cet humus.
C’est du compost, mon ami. Tout jardinier connaît cela. Pour créer un beau jardin, il faut d’abord un bon compost.
« Chacun de nous est aussi un jardin, et quand nous vivons des situations pénibles, quand les difficultés assombrissent notre existence, c’est alors qu’il nous faut préparer notre compost.
On y jette les broussailles desséchées de nos rêves perdus, le fumier de nos révoltes. Nous découvrons à ce moment-là qu’il nous faut énormément de patience et de travail pour
Transformer nos échecs en nourriture, nos erreurs en poussières, notre détresse en ferment de croissance.
C’est ce mélange qui deviendra l’engrais de nos rêves et de nos audaces, mais il faut la patience et le respect du rythme des choses. Toute croissance nécessite du temps.
Je dis alors au jardinier, maladroitement et avec une certaine candeur : un jour, j’espère que je réussirai à faire un bon compost. »
Il s’agit d’un extrait du poème le Promeneur et le jardinier de Fernand Patry
Edition Desclée de Brouwer 1997 Paris